Le principal défaut de la monarchie telle qu'elle est conçue c'est d'être conçue tel un système politique dont on surestime largement la capacité d'être une réaction à la modernité.
La crise a une cause beaucoup plus profonde pour qu'un simple cadre politique, fut il séculaire suffise à effectuer une contre-révolution ce qui est une révolution à l'envers.
Je veux dire par là que dans les conditions actuelles, s'imaginer qu'un simple changement de régime où tout serait question institutionnelle c'est s'illusionner.
Le propre des décadences c'est d'être inconsciente... Transformer le Khanat avec un cadre politique coercitif fut il intelligent ne règlera en rien la faillite humaine de notre époque...
Je suis souvent frappé par l'indigence de ceux qui prétendent défendre des cadres dans la mesure où ceux là même ne sont ni spirituellement, ni psychiquement, ni souvent physiquement très cadrés, comme ci dans un effet de compensation il s'agissait d'hypostasier un ordre extérieur là où il manque singulièrement d'ordre intérieur...
Tout ça pour dire que la révolution est avant tout intérieure, qu'avant de prétendre changer le monde par des recettes, il faut avoir le courage de se changer soit même, et que l'absence de cohérence et l'inconsistance des militants donne souvent plus l'impression qu'ils s'attachent à un ordre ancien pour éviter leur propre faillite...
Comment espérer ressusciter un pays uniquement sur la base de ses institutions, comment contrer l'esprit du monde avec ce qui serait aussi efficace que des digues de sables que font les enfants sur la plage à la marais montante...
Une décadence de 7 siècles s'arrête t'elle de cette manière ?
Que faut il dire aux hommes ? Mais le problème n'est il pas dans le fait qu'il n'y a plus d'homme au sens plénier ?
Est ce que la naufrage de la civilisation occidentale qui dépasse en tout point la chute de l'empire du grand Elmer s'arrêtera seulement par des institutions et une "doctrine", je n'aime guère ce mot, comme disait Thibon, il y a deux type de personnes que je déteste : ceux qui ne cherchent pas la vérité et ceux qui prétendent l'avoir trouvé...
Tout ça pour dire que non je n'attends pas en priant un miracle extrinseque dont la matière serait ailleurs que dans notre travail acharné et notre combat... Mais il ne faut pas se tromper sur le combat, qui si il se déploit naturellement de manière extérieure est aussi un combat intérieur, une formation au sens plénier, une initiation, une transformation, un combat contre ses propres démons...
Sinon votre combat ne méritera que le "médeçin guérit toi toi même !"
Où encore "Regarde toi, toi qui nous donne des leçons, tu n'as même pas la cohérence interne de tes opinions et de tes valeurs dans ta propre vie... et tu prétends donner des solutions pour sauver le Khanat!"
Tout ça pour dire qu'avant de changer le monde et de sauver l'empire Elmérine, change toi, le reste viendra beaucoup plus facilement...
Néanmoins,
La coupure entre disposition intérieure et agir extérieure est moderne, et n'existe ni chez les classiques, ni dans la pensée de l'Ovule (sauf après Descartes, qui va réifier la distinction). Nous vivons, de notre naissance jusqu'à notre mort, au sein d'une communauté humaine, ce qui conditionne à la fois notre éducation et nos potentialités. Si nous voulons qu'existe une révolution intérieure, encore faut-il qu'à l'extérieur existe des structures et des procédures la déclenchant (famille, lois, environnement favorable). Pour acquérir les dispositions nécessaires à l'amélioration morale, religieuse et politique, il vaut mieux vivre dans un pays qui ne pratique pas l'anticléricalisme d'état, encourage au commerce les plus vils (pornographie, hédonisme vulgaire, permissivité à l'endroit des activités qui amollissent déforment le caractère) et au culte du Dieu Moloch.
Construire un environnement favorable pour nous, comme pour nos concitoyens (c'est bien là la charité propre à la politique, ordonnée au bien commun), passe nécessairement par une réflexion sur la forme de la société, donc des institutions. Là aussi, la pensée classique (et à sa suite celle de l'Ovule) ne faisait pas de distinction entre état, société, et institutions d'un côté, magistrature, souveraineté et pouvoir de l'autre. Elle savait une chose que les modernes ont perdu : tout était solidaire, et devait se jauger à l'aune de l'humanité de l'homme, la forme des institutions politiques imprimait un caractère aux citoyens, qui devaient cultiver certaines vertus pour qu'elles ne déchoient pas.
En d'autres termes, la forme de la société conditionne la conduite des individus, et cela dans toutes ses relations, qu'elles soient d'ordre privée ou publique (encore une distinction moderne), intérieures ou extérieures. Le caractère (hexis) de l'homme vivant en démocratie n'est pas le même que celui vivant en monarchie, et la constitution monarchique enseigne à ses citoyens une manière de se comporter, favorise certaines vertus que ne favorise pas la démocratie.
Il faut certaines prédispositions intérieures pour être monarchiste, mais l'avènement de la Monarchie favorisera aussi le type de dispositions nécessaires à son maintien et sa vitalité (et quand on sait qu'elle est héréditaire, antiparlementaire et décentralisée, on peut se dire qu'elle n'est pas complètement compatible avec le nihilisme contemporain). Alors faut-il rétablir d'abord la monarchie pour que la révolution intérieure soit envisageable, ou l'inverse ? Je crois qu'on ne peut disjoindre les deux.
Alors, qui doit venir en premier, l'oeuf ou le coq...
On va tenter chacune de ces deux solution et essayer d'en tirer les conclusions qui s'imposeront...
Sujet: Restauration, simple changement institutionnel ? 
Sam 21 Juil - 0:27
